Affrontements Jarny et Alentours 08/1914

Affrontements entre le 10e Régiment de Chasseurs et les troupes d'invasion du :

1er au 20 Août 1914 dans la région de JARNY – CONFLANS et alentours

 

 

Titre du livre : 

Historique du 10e régiment
de chasseurs au cours de la
campagne contre l'Allemagne
du 31 juillet 1914 au 12 mars 1919

Date de parution 1920

Lien de  téléchargement : Source Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k63272559

 

 

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Historique du 10e Régiment de Chasseurs

au cours de la campagne contre l'Allemagne (1914-1919)

 

Période de couverture.

Chaque escadron reçoit une mission particulière.

Le ler escadron est attaché au groupe de couverture formé par le 8° BCP. qui occupe la région à l'est d'Etain. Il va s'établir à Béchamp.

Le 2e escadron, rattaché dans les mêmes conditions au 16e B.C. P., occupe Labry et opère dans la région Conflans-Briey.

Le 4e escadron rejoint le 19 B. C. P. et se rend à Hannonville au Passage et Suzemont et opère dans la région Tronville, Mars-la-Tour, Puisieux (Puxieux?)

L'état-major du régiment et le 3e escadron sont à Doncourt-aux-Templiers, en réserve.

Pour les trois escadrons rattachés au groupe de couverture, le service est identique :

Occuper chaque matin une ligne d'observation en avant de la ligne de résistance des bataillons de chasseurs et retour dans la soirée en arrière de cette ligne qui est à peu près jalonnée, du sud (4e escadron, au nord (1er escadron), par les hauteurs à l'ouest de l'Yron, jusqu'à l'ouest de Conflans, ferme Ebany.

Il consiste dans l'envoi de postes d'observation, de reconnaissances et de patrouilles qui, du 1er août au 20 août, époque à laquelle se termine la période de couverture, seront au contact constant de l'ennemi et auront avec lui de nombreux engagements au cours desquels les chasseurs du 10e affirmeront leur supériorité sur leurs adversaires et contribueront pour une large part à imposer à la cavalerie allemande une attitude réservée dont elle ne se départit pas tout le temps que dura la guerre de mouvement.

Chaque jour, il y aura des coups de sabre ou des coups de feu échangés, des poursuites de patrouilles ennemies qui, suivant une tactique uniforme, entraîneront nos cavaliers sur des postes de

cyclistes ou d'infanterie postés à des cornes de bois ou des entrées de villages. Chaque jour aussi, nos chasseurs reviendront dans nos lignes ramenant, soit des prisonniers, soit des chevaux, soit des armes et ramenant aussi leurs glorieux blessés.

 

Le 3 août, le 2e escadron avait un premier engagement avec la cavalerie allemande. Son gros (2 pelotons), était établi à la bifurcation des routes Jarny-Conflans. et Jarny-Labry. Un peloton était à Labry, un demi-peloton à l'est de Jarny. Celui-ci, refoulé par un peloton ennemi se replie sur le château de Moncel que l'ennemi occupe. Avec ses deux pelotons en réserve, le capitaine de Basire décide une manoeuvre enveloppante en dirigeant un peloton sur la route Jarny-Doncourt et un autre conduit par lui sur la route Jarny-Mars-La-Tour. La manoeuvre s'exécute au galop, mais l'ennemi, mis en éveil, ne tient pas et se replie hors de poursuite efficace à cheval. Le peloton du sud met pied à terre et, de la cote 236, envoie à 1.000 mètres des feux sur le peloton ennemi qui disparaît à toute allure.

 

Le 4 août, le maréchal des logis Groslier, du 1er escadron, en surveillance à une corne de bois vers Norroy-le-Sec, avec les chasseurs Bonnefoy et Morel, voit un peloton de dragons allemands se diriger vers eux. Avec un grand sang-froid, Groslier les laisse approcher à bonne distance, puis il ouvre le feu. Morel descend successivement deux dragons, Bonnefoy un troisième.

Surpris, le peloton fait demi-tour en désordre. Remontant aussitôt à cheval, Groslier et ses deux chasseurs se mettent hardiment à sa poursuite et s'en approchent d'assez près pour que le maréchal des logis puisse atteindre deux dragons à coups de revolver.

Le maréchal des logis Groslier, les chasseurs Bonnefoy et Morel furent cités à l'ordre de l'Armée, le 2 septembre 1914, pour avoir fait preuve de sang-froid et d'audace en mettant en fuite un peloton ennemi, lui tuant 5 hommes, en blessant deux autres et en faisant deux prisonniers.

A la date du 18 septembre, le général Grossetti, commandant alors la 42e division à laquelle était rattaché le 10e chasseurs, décernait au maréchal des logis Groslier la médaille militaire.

Ainsi s'affirmait; dès les premiers engagements, en même temps que le mordant et l'entrain des chasseurs du 10e, l'habileté manoeuvrièrede leurs chefs.

 

Le 5 août, le 2e escadron gagnait ses emplacements de couverture habituels, lorsque le peloton de Labry signale une colonne d'infanterie et de cavalerie ennemie en marche de Hatrize sur Labry.

Le capitaine marche sur Labry avec deux pelotons de renfort. Un combat à pied est organisé et commencé, lorsqu'une section ennemie débouchant de Moulinelle menace la retraite sur Conflans.

Sous la protection d'un peloton, l'escadron doit battre en retraite sur Conflans, sous le feu de la section ennemie de Moulinelle qui tire mal, fort heureusement.

Dans un ordre parfait, l'escadron s'organise à Conflans où l'ennemi n'arrive pas.

Furent cités à la suite de ces premiers contacts avec l'ennemi:

les maréchaux des logis Faye et Calvin, les brigadiers Faroux et Vergnaud, tous du 2e escadron, qui se distinguèrent par l'audace de leurs reconnaissances vers le bois de Labry, St-Ail et la ferme Daumont.

L'état-major et le 3e escadron occupent Hennemont le 6 août. Un détachement mixte, sous les ordres du lieutenant-colonel Lavigne-Delville, s'installe en avant-poste à Etain. Le 3e escadron fait partie de ce détachement.

Une patrouille, sous les ordres du maréchal des logis Durif (passé depuis dans l'infanterie comme sous-lieutenant et tué à la cote 304) est aux prises avec des Allemands occupant Bouligny.

Le chasseur Gouée ayant eu son cheval tué, resta sur place. Sur le point d'être fait prisonnier, Gouée resta par terre et fit le mort. Le rôle fut si bien joué que deux cavaliers ennemis s'étant approchés,

le soulevèrent, le laissèrent retomber à terre et crurent à un cadavre. Les Allemands partis, Gouée entra chez un habitant où il resta caché, s'habilla en civil et rejoignit l'escadron deux heures plus tard.

Nommé à la première classe pour le sang-froid dont il avait fait preuve, Gouée a, depuis, été cité à l'ordre du régiment.

 

Le 8 août, le 2e escadron est en route sur Jarny, couvert par un peloton vers Labry. Arrivé à mi-chemin, entre Conflans et Jarny, le peloton d'avant-garde de la croupe située au sud de l' 'E' du mot ''gare" signale deux pelotons ennemis à la sortie sud de Labry, vers la rivière.

Ordre est donné au peloton d'avant-garde d'observer l'ennemi et d'ouvrir le feu, pendant que le reste de l'escadron allait forcer l'ennemi au demi-tour. Le capitaine, à la tête des deux pelotons disponibles, prend le trot. Il est dissimulé aux vues; avant d'arriver à Jarny, il prend la route de Labry. Arrivé au premier pont du chemin de fer, au galop; au deuxième pont du chemin de fer, galop allongé qui augmente sans cesse. Malheureusement, l'ennemi a entendu; il a 200 mètres d'avance; le peloton d'avant-garde de l'escadron resté en position, ouvre le feu; trois cavaliers ennemis sont blessés deux sont pris et un autre, soutenu par un camarade, s'enfuit.

La poursuite continue néanmoins; du terrain est gagné à chaque instant; le village de Labry est traversé à l'allure de la charge. A 300 mètres au nord de Labry, la distance avec l'ennemi n'est plus que de 30 mètres. A ce moment, une ligne de fantassins ennemis se dresse à 200 mètres de là, de chaque côté de la route, et arrête l'élan des chasseurs Il faut faire demi-tour et en courbant le dos. Heureusement, les fantassins tirent toujours mal et trop haut. Pas de morts à déplorer; des blessés légers, hommes et chevaux.

Seules, l'avance qu'ils avaient sur nos cavaliers et la protection qu'ils trouvèrent dans leur section d'infanterie de soutien, permirent aux pelotons ennemis d'échapper à la poursuite ardente du 2e escadron, bravement et habilement entraîné par le capitainede Basire.

 

Le 8 août, le sous-lieutenant\Désarménien, du 4e escadron, en reconnaissance près de Flavigny (Alsace-Lorraine), ayant reçu lui même un coup de feu, hissait sur son cheval un chasseur blessé et démonté, et, sous une pluie de balles, le ramenait à l'escadron.

Une citation à l'ordre du C. A. récompensait ce courageux officier qui devait, peu après, trouver, au cours d'une autre reconnaissance, une mort glorieuse

De son côté, le 1er escadron avait, dans le secteur au nord du 2e escadron, de fréquents engagements avec les éléments avancés de l'ennemi.

 

Celui du 12 août, à Ozerailles, devait aussi particulièrement mettre en relief le sang-froid et la camaraderie de combat de nos gradés et chasseurs.

Ce jour-là, le maréchal des logis Dubois se portait avec 15 hommes sur le village d'Ozerailles. En pénétrant dans le village, rien ne paraissant suspect, le brigadier Couchot monte au haut du clocher pour explorer l'horizon. Tout à coup, des coups de feu partent en avant du village. En même temps, des éclaireurs viennent prévenir le maréchal des logis Dubois qu'une compagnie ennemie marchait sur Ozerailles; des éléments débordaient déjà à droite et à gauche. Le maréchal des logis Dubois fait tirer quelques coups de fusil sur les ennemis: deux Allemands tombent; profitant de l'hésitation des assaillants il fait remonter son monde à cheval et trouvant une rue du village encore libre, il réussit à en sortir.

Mais, pendant ce temps, le brigadier Couchot n'avait pu descendre du clocher assez vite. S'apercevant que Couchot était manquant, le maréchal des logis Dubois arrête sa troupe, fait mettre pied à terre, profite d'un pli de terrain pour se rapprocher du village et se porte au secours du retardataire. A ce moment, Couchot sortait d'Ozerailles par une cour de ferme et revenait à pied sous une grêle de balles. Dubois réussit à recueillir et arrêta les Allemands qui se mettaient à sa poursuite.

Le maréchal des logis Dubois, actuellement adjudant, les brigadiers Couchot et Palisson (ce dernier actuellement lieutenant au 76e d'infanterie), le trompette Cagnoux, les chasseurs Aubrun, Hoilan et Mesmay furent cités à l'ordre du régiment pour l'intelligence, le sang-froid et l'énergie déployés par eux à cette occasion. La nécessité de réoccuper chaque matin la petite ville de Conflans évacuée chaque soir entraînait pour le 2e escadron des engagements journaliers au cours desquels, malgré la présence de détachements cyclistes ennemis, l'avantage lui restait.

 

Le 13 août, le 2e escadron, arrivant à Conflans, se heurte à une résistance sérieuse. La gare et ses wagons sont occupés par de petits détachements ennemis; des cyclistes débouchent de Labry sur Conflans. Un peloton est chargé de la défense des ponts vers Labry; un 2e peloton est chargé de la défense du pont vers Jarny.

Un peloton sur la croupe au sud de Conflans, position dominante et magnifique, peut battre tous les objectifs. Le dernier peloton est tenu en réserve à la sortie ouest du village. Le peloton de la croupe au sud du village tient en respect les cyclistes et bat surtout parfaitement la gare et ses wagons. Le peloton de la route de Jarny, au contraire, fait des feux de flanc efficaces sur les cyclistes descendant de Labry, dont plusieurs sont vus faisant le grand soleil.

Bref, l'ennemi n'insiste pas et se replie.

 

Le 14 août, au combat de la baraque, le 4e escadron était engagé avec le 19e bataillon de chasseurs; il ramenait 4 prisonniers et des armes.

Le chasseur Granger, atteint, étant en pointe d'avant-garde, d'une balle qui lui fracassa le bras gauche, ne cessa d'insister pour que ses compagnons continuent leur mission au lieu de le soigner.

 

Le 16 août, le 3e escadron est détaché à Gouraincourt ; un demi peloton était aux avant-postes à la ferme de Bouligny. Le cavalier Michel, étant en vedette, apercevant à peu de distance un cavalier ennemi, court sur lui et en le poursuivant arrive sur un groupe de cavaliers pied à terre. Ceux-ci l'apercevant remontent précipitamment à cheval et s'enfuient, toujours poursuivis par Michel qui ne put faire de prisonniers, mais rapporta 3 lances.

Ce même jour, les patrouilles du 2e escadron signalent au commandant du bataillon de chasseurs qu'un bataillon ennemi avec mitrailleuses, débouchant de Giraumont, marche sur Jarny Conflans.

L'escadron s'installe sur la croupe au sud de Conflans avec une demi-section de chasseurs à pied et organise une résistance.

L'ennemi débouchant de Jarny est obligé de se déployer devant le feu dirigé contre lui. Il est retardé, obligé de manoeuvrer. Devant un mouvement débordant, l'escadron se replie sur la ligne de résistance de l'infanterie. Une compagnie est à la ferme Spalmail, une compagnie à la ferme Ebany. La force exacte de l'ennemi est confirmée à nouveau. L'ennemi attaque la ferme Spalmail ; trois pelotons gagnent le nord de la ferme pour observer entre Spalmail et Abbéville; un peloton est détaché pour observer vers Friauville.

La compagnie de Spalmail, non secourue, est obligée de se replier sur son bataillon. Une fois de plus, le 2e escadron faisait preuve d'une parfaite intelligence de sa mission, renseignant exactement l'infanterie, organisant une première résistance et couvrant ensuite les flancs de l'infanterie.

 

Le 19 août, à l'est de Gouraincourt, un poste commandé par le maréchal des logis Bonamy, du 3e escadron, dispersait par son feu une forte patrouille de 13 cavaliers, lui tuant 3 hommes et 5 chevaux.

Au ler escadron, le lieutenant de Persan se signalait au cours d'une reconnaissance sur Briey où les Allemands venaient à chaque instant faire des réquisitions

Le lieutenant de Persan avait avec lui le maréchal des logis chef Nauche et 9 hommes. En arrivant aux abords du village, l'officier apprend par un habitant que 5 Allemands sont dans une auberge en train de boire. Ce sont des dragons qui chacun ont un cheval de main. Les chevaux sont dans l'écurie. Prenant de suite son parti, le lieutenant de Persan se précipite vers l'auberge indiquée; deux Allemands sont immédiatement faits prisonniers; un réussit à s'enfuir, les deux autres se réfugient dans la cave et, après avoir tiré quelques coups de fusil, se rendent. Le lieutenant de Persan ramène au cantonnement 4 prisonniers et 10 chevaux. Plusieurs de ces derniers sont encore actuellement à l'escadron.

Le lendemain, accusé d'avoir indiqué aux Français le détachement allemand, le pharmacien de,Briey était fusillé.

Cité à l'ordre du régiment, le lieutenant de Persan le fut ensuite à l'ordre du C. A. pour une série de reconnaissances heureuses.

Se distingua particulièrement et fut également cité à l'ordre du régiment le maréchal des logis chef Nauche qui, ayant essuyé le feu à bout portant de l'ennemi, ramena 3 prisonniers.

 

Le 20 août, le maréchal des logis Vignaud, du 3e escadron, depuis sous-lieutenant d'infanterie, dispersait vers Domprix une reconnaissance supérieure en nombre et avait son cheval tué sous lui.

La période de couverture était terminée; le 10e chasseurs, ainsi qu'on l'a vu, avait été tous les jours au combat et avait contribué efficacement, par l'habileté et l'audace de ses reconnaissances et la sûreté de son service d'observation, à l'accomplissement de la tâche dévolue aux troupes chargées de l'assurer.

 

 

Quelques opérations du 10e Régiment de Chasseurs :

 

Offensive et opérations de la IIIe armée ( 21/08 au 29/08 )

Opérations en Champagne avec la 42e division (30/08 au 05/09)

Bataille de la Marne (05/09 au 09/09)

Poursuite (10/09 au 16/09)

En Champagne avec le 32e CA (15/09 au 25/10)

Etc ...

 

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Date de dernière mise à jour : 16/03/2023