Le Républicain Lorrain - 05 août 2016 à 09:00

6 août 1914 :

le calvaire des chasseurs de Labry

Ce dimanche 7 août 2016, les municipalités de Hatrize et Labry célèbrent le 102e anniversaire de la bataille du Tremblois, durant laquelle près de 30 soldats du 16e BCP périrent dès le début de la Grande Guerre.

Six août 1914 : l’Allemagne et la France sont en guerre depuis trois jours. Le 144e Régiment d’infanterie allemande est dans le Pays-Haut depuis la veille. Il a quitté la place forte de Metz pour parcourir le secteur en éclaireur. Après Hatrize, il se dirige vers Conflans et Jarny. Deux compagnies allemandes sortent d’Hatrize en direction de Labry et sont repoussées par deux sections du 16e Bataillon de chasseurs à pied. Le 16e BCP, appelé "Bataillon d’acier" par les Allemands, est installé à Labry depuis octobre 1913. Il s’appuie sur six compagnies et mobilise un bataillon de réserve, se mesure à l’ennemi, défend sa garnison. Sous le commandement du Commandant Cheneble, il met tout son cœur à son rôle de troupe de couverture. Il récupère donc, ce 6 août au matin, la ferme du Tremblois à l’ennemi. Une ferme située entre Labry et Briey.

Mais l’après-midi est plus sanglant. 150 hommes du 16e sortent de Labry et de la ferme du Tremblois et se déploient en tirailleurs en direction d’Hatrize. Le problème est que les Allemands se sont installés à l’ouest d’Hatrize et les chasseurs français se font tirer dessus. Caché dans les blés, hauts en cette saison, chaque camp défend son territoire bec et ongles pendant trois heures.

Le lieutenant Drieux meurt pendant l’escarmouche, atteint d’une balle en pleine tête. On dit de lui qu’il serait le premier officier français mort durant la Grande Guerre

Une tombe et une stèle

Les Français, en infériorité numérique et en manque de munitions – 150 contre environ 400 Allemands – se replient vers Labry. Les pertes sont conséquentes pour le bataillon : 28 tués, 18 blessés et 41 portés disparus. L’émotion est d’autant plus vive chez les Labrysiens que ce sont « leurs » pioupious qui sont tombés. La plupart des soldats du 16e BCP sont natifs du secteur (à l’image du chasseur à pied Emile Thomas, de Moutiers) ou du Nord de la France.

Pendant ce temps, l’artillerie allemande bombarde Labry et la caserne Geslin. Une fois sur place, les soldats de l’Empire constatent que la zone n’est plus défendue, ils se retirent. Car l’objectif de cette « guerre de patrouille » n’est pas de conquérir des territoires, mais de cibler la position de l’ennemi. Le soir, le 16e BCP se replie vers Jeandelize et Puxe.

Une tombe du cimetière de Labry, où reposent les dépouilles de 28 chasseurs du 16e BCP, et une stèle à proximité de la ferme du Tremblois, le long de la RD 613, rappellent aujourd’hui que le Bataillon d’acier a chèrement défendu ses positions dès le début du conflit.

Ce dimanche 7 août, les municipalités de Hatrize et Labry célébreront le 102e anniversaire de cette bataille où dès les premiers jours de la Première Guerre mondiale, près de 30 chasseurs du 16e BCP de Labry périrent face à l’armée allemande.