Les Ouvriers

II · Les ouvriers et les aspects techniques


La documentation existante n'autorise pas de longs développements
ni une précision parfaite ; elle permet cependant de se faire une bonne
idée de l'importance du personnel ouvrier et du processus de fabrication .


1. Les ouvriers


Nous possédons quelques chiffres relatifs au nombre d'ouvriers
dans les papeteries de la Moselle . Leur comparaison est intéressante car
elle montre avec plus de précision que les statistiques de production
l'évolution de l'activité économique .

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Ouvriers papetiers

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(a) Pour deux papeteries.
(b) Quatre fabriques << réunies en une >>.
(c) Laurent COMMAILLE, << Ars-sur-Moselle, bourg-modèle des côtes de Moselle >>, dans Les Cahiers lorrains, mars 1985 , no 1, pp . 65-66.
(d) Il existe deux établissements. Première ligne = premier établissement; deuxième ligne = deuxième établissement.

Dans l'ensemble, l'emploi est peu important dans cette branche en
l'an Il, probablement en régression depuis le commencement de la
Révolution (53) . Pour Mainbottel, il reprend fortement sa croissance sous
le Directoire. Cette papeterie connaîtra encore d'autres avatars au cours
du premier tiers du XIXe siècle. Si l'on néglige Boulay, Hombourg-Haut
et Metz, très petites unités qui disparaissent rapidement, il faut noter
une évolution positive, entre la fin de la période révolutionnaire et le
règne de Charles X, à peine égratignée à la fin de l'Empire. Eguelshardt
quintuple son effectif en une trentaine d'années, Ars-sur-Moselle crée
d'autres unités de production et ses ouvriers sont 74 en 1829, loin devant
les autres. Dilling a bien profité aussi, mais après son rattachement à la
Prusse, elle sort du cadre de notre travail.
Quant à l'objet principal de cette étude, la papeterie de Jarny, quatre
indications retrouvées nous montrent une petite entreprise de 6 à 7
ouvriers sous l'Empire, et de 4 seulement en 1826. Les registres paroissiaux
puis l'état-civil restent avares de renseignements ayant pu permettre
de chiffrer aussi cette population manufacturière au début et à la fin
de son existence .
En tout cas , si l'on excepte le propriétaire Charles Fayon qui doit
certainement participer aussi au travail, et ses enfants (54), nous connaissons
les noms de deux ouvriers papetiers présents en 1788. Le premier
se nomme Jean-Henri Couvrepuits (55). Originaire de Weimerskirch (56),
dans le Grand-Duché de Luxembourg actuel où il naît vers 1757, c'est le
fils d'un papetier de ce lieu, Jacques Decklenbron , et de Marguerite
Reiser. En 1784, il arrive à Ars-sur-Moselle comme «ouvrier compagnon
» et travaille à la papeterie de cette bourgade (57). Il y fait la connaissance
d'une jeune orpheline arsoise, Marguerite Poulain, née vers 1763
et fille de défunt Georges Poulain, cordonnier, et de Catherine Berty.
Ils se marient sur place le 8 mai 1787 en présence d'un « agent des papeteries
de ce lieu », Nicolas Morlet. Les signatures de ces deux ouvriers
sont de bonne facture.

En 1788, le couple est installé à Jamy où naît le 29 mars une fille qui
meurt dix jours plus tard. A Jarny, Jean-Henry ne se fait plus appeler que
par son nom francisé. On peut penser que c'est Charles Fayon qui l'a fait
venir d'Ars où, nous l'avons vu, il possède (peut-être déjà à l'époque)
des biens .

53) C'est du moins ce que l'on peut déduire pour Mainbottel de la confrontation de HOTIENGER,
op. cit. , p. 78 et de Arch. Nat . , p12 1484 qui souligne aussi une difficulté de trouver de la main-d'oeuvre.
54) VERRONNAIS, Annuaire de 1807 , p. 185 : << M. Fayon en est le propriétaire. Ce sont ses enfans
qui y travaillent et qui font eux-mêmes les travaux utiles à cette usine >>.
55) 2 E 271 . ADMos . , 5 E 818 à 859 , reg. paroiss. d'Ars-sur-Moselle (où il apparaît sous son vrai
nom, Jean-Henry Decklenbron dit Couvrepuits, par francisation) .
56) 5 E 818 à 859 : << Eveimerskirch duché de Luxembourg archevêché de Trèves >>. 2 E 271 :
<< Weimer Kirch, diocèse de Trèves >>. Identifié à << Weimerskirch, en all(emand) Sieckenhof (G.-D.
et con de Luxembourg, cne d'Eich) , d'ap . Auguste LONGON et Victor CARRIERE , Pouillé de la
province de Trèves, Paris, 1915, p. 582 et table.
57) On trouvera quelques indications sur cette activité économique dans COMMAILLE, op. cit.
dans tabl. << les ouvriers papetiers . . . >>.

Couvrepuits ne reste que peu de temps à Jarny et nous le retrouvons
à Ars, « papetier aubergiste » dès février 1790, date à laquelle une seconde
Marie vient au monde. Le dépouillement des registres d'Ars n'a pas été
poursuivi plus avant.
Le second employé, Jean Cotte, « ouvrier papetier chez . . . Charles
Fayon » n'est connu que par sa présence comme témoin à l'inhumation
d'un enfant du meunier-papetier, en juillet 1788 (58). Nous ne savons malheureusement
rien d'autre sur lui .
Avec ces deux personnages s'arrête très rapidement la liste nominative
du personnel. Il est regrettable que l'on ne possède plus l'enquête
de l'an II pour le district de Briey (59), car elle précisait pour chaque
employé le nom, l'origine , l'âge , . . .
Signalons l'existence dans le village voisin de La Ville-aux-Prés (auj .
cne de Ville-sur-Yron), d'un fils de « papetier en la ville de Thiers en
Auvergne », région où cette industrie occupait autrefois une place
importante (60). Présent en ce village au moins dès 1798, il y est établi
marchand mercier. Rien n'indique qu'il ait exercé à Jarny le métier de
son père. Ce marchand a pour nom André Faye (61) .
Enfin, on peut supposer que Jean Demetz, 23 ans, domestique, domicilié
de fait à Jarny et de droit à Allamont, marié à Jarny le 5 novembre
1840 à Catherine Génot, a travaillé pour la papeterie en tenant compte
de la présence comme témoins des époux de Gabriel Havard, le dernier
exploitant de l'entreprise, et de François Thomas, meunier au même
lieu (62) .

58 ) 2 E 271 .
59) pt2 1484.
60) Jean-Louis BOITHIAS, Corinne MONDIN, Comment fonctionne un moulin à papier. Aperçus
techniques d'une papeterie artisanale en Auvergne. L 'exemple du moulin Richard-de-Bas près
d'Ambert, Arlanc, s. d .
61) ADMM, 2 E 580 (Ville-sur-Yron) , 1« mariage du 28 mars 1798 ; 2 E 211 (Friauville) , 2 ' mariage
du 3 février 1807 .
62) 2 E 271 .

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Date de dernière mise à jour : 27/01/2021